Le
site de l'ermitage est classé. L'actuelle
chapelle date du XIXème siècle, mais
elle remplace des bâtiments qui remontent
à la fin du XVIIème siècle.
En effet, jusqu'en 1659, il y avait dans la région
un pélerinage très connu: celui d'Avioth.
On vient donc à Torgny en pélerinage
pour vénérer Notre-Dame de Luxembourg.
Ce culte est toujours bien vivant, témoin,
les ex-voto que l'on peut voir dans la chapelle.
De jolies statues de saints ornent celle-ci. Par
exemple: saint Donat, protecteur de la foudre, saint
Isidore, l'un des protecteurs de l'agriculture ou
saint François Xavier, un des fondateurs
de la Compagnie de Jésus. Depuis de nombreuses
années, une ermite dominicaine réoccupe
le logement, délaissé depuis le XIXème
siècle. En face de l'ermitage se trouve l'entée
de la réserve naturelle. En été,
on peut y observer une douzaine de variétés
d'orchidées. L'ophrys arignée ne se
trouve nulle part en Belgique. Plus étonnante
encore est la présence, épisodique,
de la mante religieuse et , tenez vous bien, de
la cigale des montagnes. des superbes papillons,
des grillons, criquets et autres insectes peuplent
cette prairie calcaire. Quelques reptiles s'y plaisent
aussi, lézards, orvets et couleuvres. Une
partie de la réserve occupe des anciennes
carrières expoitées dès l'époque
romaine puis utilisées par les bergers pour
faire paître leurs moutons.
En
contrebas de la réserve, on découvre
les fameuses vignes de Torgny. Si le vignoble
actuel doit son existence à l'association
Ardenne et Gaume et à la faculté
d'agronomie de Gembloux qui, dans les années
cinquante, voulurent le réimplanter d'une
manière expérimentale, il ne faut
pas oublier qu'il fut importé dans la région
par les romains et qu'il se maintint jusqu'à
la fin du XIXème siècle au sud de
Virton.
La présence de la vigne à Torgny
est subordonnée à l'existence d'un
microclimat dû à trois facteurs:
l'orientation de la cuesta, qui protège
le village des vents et des froideurs venant du
nord, la faible altitude du lieu, par rapport
à l'Ardenne, et le fait que le sol est
constitué en partie de calcaire, roche
qui se réchauffe très vite sous
l'action du soleil.
L'hiver 1985-1986 a détruit le vignoble.
Il fut réimplanté en 1987 sur le
Clos de la Zolette (0,5 ha), situé sous
la réserve. A celà s'ajoute un petit
terrain expérimental de 8 ares. Dorénavant,
le raisin sera pressé et le vin stocké
dans un bâtiment situé non loin de
l'église du village. Les variétés
plantées sont de l'Auxerrois, du Pinot
noir, du Pinot blanc et du Pinot Chardonnay.
Torgny est vraiment un village à part.
D'abord parce que c'est la localité qui
est la plus méridionale de Belgique, son
territoire est une véritable avancée
en terre française. Ensuite, parce que
le rouge de son ensemble de toitures en tuiles
courbes s'allie merveilleusement au jaune de la
pierre calcaire des murs. Enfin parce que son
sol a révélé des traces archéologiques.
Un cimetière mérovingien de 400
tombes et une villa romaine encore occupée
au IVème siécle et munie d'un chauffage
par hypocauste.
La
présence de tuiles courbes, dites romaines,
à Torgny ne doit pas surprendre. Elles
sont présentes en Lorraine, au sud de Virton
et jusqu'au plateau de Langres. Les rigueurs climatiques
de ce dernier et de l'Ardenne nécessitent
une pente de toit plus raide et donc d'ardoise.
On retrouve cette tuile courbe en Bourgogne et
jusqu'à la Méditerranée.
Trois
bâtiments sont classés à Torgny.
La ferme "rose", dont
on n'a pas décapé la façade,
usage très esthétique mais contraire
à la tradition, et les deux fontaines
lavoirs, l'une du XVIIIème siécle
et l'autre du XIXème siècle. On
retrouve les ancêtres des machines à
laver dans pratiquement tous les villages gaumais.
Autre
particularité du village, le nombre de
linteaux millésimés. Il y en a plus
de cinquante! Les dates que l'on peut lire vont
de 1741 à la fin du XIXème siècle.
Cest la rivière, la Chiers
qui matérialise la frontière entre
la Belgique et la France à Torgny et ce,
depuis 1659. Là existait autrefois avant
1914, un moulin commun à Torgny et à
Velosnes. La Chiers se développe sur 112
km et creuse aussi sa cuesta. Elle prend sa source
à Differdange au Luxembourg et se jette
dans la Meuse à Bazeilles. Parmi ses affluents,
citons la Moulaine, la Messancy, la Crusnes, la
Thonne, l'Othain et le Ton.