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Torgny est le village le plus méridional de Belgique, étant vraiment enclavé en France. Ce village bénéficie d'un micro-climat accueillant. Cela est du au fait que le front de la troisième cuesta est inclinée vers le sud-ouest. Torgny est aussi protégé du nord par le sommet de la cuesta et par les forets. Les pelouses calcaires de la réserve de Torgny conviennent particulièrement aux plantes et aux insectes. On y retrouve des plantes qui ne vivent en principe que dans le midi de la France. On y a également observé la mante religieuse et une variété de cigale. Torgny est intéressant à plus d'un titre. Les toits de tuiles canals et les murs de pierre jaune ocre présentent une belle harmonie de couleurs et de volume. On y cultive également la vigne. On peut également visiter un des derniers ermitage de Belgique.

pays de gaume, Torgny La ferme rose

Le site de l'ermitage est classé. L'actuelle chapelle date du XIXème siècle, mais elle remplace des bâtiments qui remontent à la fin du XVIIème siècle. En effet, jusqu'en 1659, il y avait dans la région un pélerinage très connu: celui d'Avioth. On vient donc à Torgny en pélerinage pour vénérer Notre-Dame de Luxembourg. Ce culte est toujours bien vivant, témoin, les ex-voto que l'on peut voir dans la chapelle. De jolies statues de saints ornent celle-ci. Par exemple: saint Donat, protecteur de la foudre, saint Isidore, l'un des protecteurs de l'agriculture ou saint François Xavier, un des fondateurs de la Compagnie de Jésus. Depuis de nombreuses années, une ermite dominicaine réoccupe le logement, délaissé depuis le XIXème siècle. En face de l'ermitage se trouve l'entée de la réserve naturelle. En été, on peut y observer une douzaine de variétés d'orchidées. L'ophrys arignée ne se trouve nulle part en Belgique. Plus étonnante encore est la présence, épisodique, de la mante religieuse et , tenez vous bien, de la cigale des montagnes. des superbes papillons, des grillons, criquets et autres insectes peuplent cette prairie calcaire. Quelques reptiles s'y plaisent aussi, lézards, orvets et couleuvres. Une partie de la réserve occupe des anciennes carrières expoitées dès l'époque romaine puis utilisées par les bergers pour faire paître leurs moutons.

En contrebas de la réserve, on découvre les fameuses vignes de Torgny. Si le vignoble actuel doit son existence à l'association Ardenne et Gaume et à la faculté d'agronomie de Gembloux qui, dans les années cinquante, voulurent le réimplanter d'une manière expérimentale, il ne faut pas oublier qu'il fut importé dans la région par les romains et qu'il se maintint jusqu'à la fin du XIXème siècle au sud de Virton.

La présence de la vigne à Torgny est subordonnée à l'existence d'un microclimat dû à trois facteurs: l'orientation de la cuesta, qui protège le village des vents et des froideurs venant du nord, la faible altitude du lieu, par rapport à l'Ardenne, et le fait que le sol est constitué en partie de calcaire, roche qui se réchauffe très vite sous l'action du soleil.

L'hiver 1985-1986 a détruit le vignoble. Il fut réimplanté en 1987 sur le Clos de la Zolette (0,5 ha), situé sous la réserve. A celà s'ajoute un petit terrain expérimental de 8 ares. Dorénavant, le raisin sera pressé et le vin stocké dans un bâtiment situé non loin de l'église du village. Les variétés plantées sont de l'Auxerrois, du Pinot noir, du Pinot blanc et du Pinot Chardonnay.

Torgny est vraiment un village à part. D'abord parce que c'est la localité qui est la plus méridionale de Belgique, son territoire est une véritable avancée en terre française. Ensuite, parce que le rouge de son ensemble de toitures en tuiles courbes s'allie merveilleusement au jaune de la pierre calcaire des murs. Enfin parce que son sol a révélé des traces archéologiques. Un cimetière mérovingien de 400 tombes et une villa romaine encore occupée au IVème siécle et munie d'un chauffage par hypocauste.

La présence de tuiles courbes, dites romaines, à Torgny ne doit pas surprendre. Elles sont présentes en Lorraine, au sud de Virton et jusqu'au plateau de Langres. Les rigueurs climatiques de ce dernier et de l'Ardenne nécessitent une pente de toit plus raide et donc d'ardoise. On retrouve cette tuile courbe en Bourgogne et jusqu'à la Méditerranée.

Trois bâtiments sont classés à Torgny. La ferme "rose", dont on n'a pas décapé la façade, usage très esthétique mais contraire à la tradition, et les deux fontaines lavoirs, l'une du XVIIIème siécle et l'autre du XIXème siècle. On retrouve les ancêtres des machines à laver dans pratiquement tous les villages gaumais.

Autre particularité du village, le nombre de linteaux millésimés. Il y en a plus de cinquante! Les dates que l'on peut lire vont de 1741 à la fin du XIXème siècle.

Cest la rivière, la Chiers qui matérialise la frontière entre la Belgique et la France à Torgny et ce, depuis 1659. Là existait autrefois avant 1914, un moulin commun à Torgny et à Velosnes. La Chiers se développe sur 112 km et creuse aussi sa cuesta. Elle prend sa source à Differdange au Luxembourg et se jette dans la Meuse à Bazeilles. Parmi ses affluents, citons la Moulaine, la Messancy, la Crusnes, la Thonne, l'Othain et le Ton.