Le
sol de la Gaume est, sans conteste, plus fertile que
celui de l'Ardenne. D'ou sans doute, cette impression
de douceur de vivre, cette gaieté naturelle
des habitants, et, peut être aussi, une certaine
indolence. Ces tendances sont anciennes. Elles sont
maintenues à travers les changements. Et des
changements, il y en a eu pas mal, ici comme ailleurs.
Tel
qu'il se présente aujourd'hui à l'observateur,
le paus de Djean de Mâdy est très différent
de ce qu'il fut pendant des siècles. |
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La
révolution industrielle, et puis cette révolution
agricole, qui est l'un des grands évènements
de notre époque, ont apporté leur lot
de bouleversements.
Pendant
pratiquement un demi-millénaire, la Lorraine
belge a connu une activité industrielle intense.
Des établissements industriels prospères
semés à travers la région, il
ne subsiste que des ruines plus ou moins pittoresques
auxquelles le passant distrait accorde à peine
un regard. |
Cet
âge du fer dont peut s'enorgueillir la Gaume,
s'explique par la conjonction d'un certain nombre
d'éléments. Il faut citer en premier
lieu le minerai de fer. On le trouvait en abondance,
le plus souvent à une faible profondeur, parfois
au ras du sol. Il était récolté
par les petits cultivateurs, à leurs moments
perdus, et amené par leurs soins dans les lieux
où il était traité.
Notons,
en passant, qu'il existait deux catégories
principales de ce minerai. Il y avait d'abord le fer
fort que les gens de science nomment hématite.
Sur
le territoire de l'actuelle province de Luxembourg,
on ne le trouvait pratiquement qu'à Ruette.
Mais il y en avait d'abondants gisements en terre
farnçaise, non loin de l'actuelle frontière,
à Saint-Pancré.
Le
fer tendre, lui, parfois appelé minerai de
prairie, se présentait un peu partout en pays
gaumais. Enfin, on parlait aussi du fer métis.
Sa qualité se rapprochait de celle du fer fort.
mais sa préparation exigeait une série
d'opérations assez compliquées.
Le
deuxième élément qui explique
l'éclosion et le développement de l'industrie
du fer, ce sont nos riches massifs forestiers. Le
charbon de bois était préparé
par des hommes rudes et courageux dont presque toute
l'existence se passait au fond le la sylve. Il importe,
en effet, de savoir que le charbon de bois fut, jusqu'à
la fin du 18ème siècle, le seul combustible
à être utilisé par l'industrie
du fer.
Dernier
élément, les rivières encaissées,
caractérisées par un débit régulier,
qui permettaient l'établissement de ces étangs
qui subsistent en maints endroits, et notamment au
Pont d'Oye près de Habay la Neuve, à
Buzenol, à Berchiwé. La force motrice
était essentiellement hydraulique. |
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D'abord,
le haut fourneau.
Un
foyer pouvant atteindre sept mètres de haut
où l'on mettait en contact le minerai et le
charbon incandescent . Ainsi obtenait on le fer en
gueuses, d'énormes loupes d'environ 700 à
800 kilos. Cette fonte était retravaillée
dans une forge comprenant, outre un feu de chaufferie,
une affinerie, qui avait pour but, sous le marteau,
de débarrasser la fonte de son excès
de carbone et d'en obtenir du fer en barre, également
appelé fer marchand, et quand il s'agissait
de fer tendre, fer Habay. Car Habay la Neuve ayant
été le centre de la métallurgie
luxembourgeoise à partir de 1550, le nom de
fer habay étant connu dans le monde entier,
jusqu'aux Indes Néerlandaises comme spécifique
d'une qualité bien déterminée.
La
fenderie.
C'était
une sorte de laminoir. Elle était très
rare dans le Luxembourg. Il faut se garderde la confondre
avec la fonderie. Là, les gueuses, dont il
a été question auparavant, étaient
refondues à une température très
élevée de façon à obtenir
de la fonte de moulage pour la fabrication des taques,
des chenêts, etc.
La
platinerie.
On
y transformait le fer marchand en objets d'utilité
courante, tels que platines à tarte, portes
de four, queues de poële, objets divers de quincaillerie.
Un
traitement rudimentaire du minerai de fer apparaît
dans nos pays, dès le septième siècle
avant Jésus-Christ. Le travail se faisait dans
des fosses peu profondes auxquelles on a donné
le nom de bas foyers. Au fil des siècles, le
traitement du minerai se perfectionna et s'affina.
C'est au XVème siècle que commençe
à se développer l'industrie gaumaise. |